Aller au contenu

Page:Pierre Corrard - Par les Femmes, 1902.pdf/323

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
321
PAR LES FEMMES.

— Oh ! si tu savais, il y a tant d’infortunes à soulager, tant de douleurs à consoler !… Que de misères dans cette ville de luxe et de plaisir ! Pendant que vous festoyez, buvez, riez, chantez, vous autres, riches, de pauvres gueux crèvent misérablement de faim aux portes de vos palais. On se hâte de les enlever avec les ordures, afin que, le matin, les roues de vos voitures n’aient pas à passer dessus, afin que votre quiétude ne soit pas un instant troublée par un sentiment d’horreur, de crainte, ou de pitié peut-être !… Ah ! mon pauvre cher Jacques, si tu savais !… Mais votre excuse, c’est de ne pas savoir, de ne pas voir les plaies que nous soignons, de ne pas entendre les gémissements qui nous déchirent les oreilles et le cœur !… Vous êtes heureux, el cela suffit : il vous semble que le monde tout entier est heureux ! Les lois qui sont faites par vous sont faites pour vous ; c’est pour vous que la terre tourne, c’est pour vous que le soleil brille !… Et vous avez grand raison d’être heureux ! Pourquoi ne le seriez-vous pas !

« Oui, mais vous êtes-vous jamais demandé, riches égoïstes, s’il en sera toujours ainsi, si vos frères sacrifiés, un jour, ne relèveront pas