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Page:Pierre Corrard - Par les Femmes, 1902.pdf/324

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PAR LES FEMMES.

la tête pour réclamer enfin de leurs lèvres exsangues, la face livide, l’œil cave et sauvage, tout plein de vengeances cruelles, pour réclamer leur part à l’orgie où vous vous enivrez !… Et si alors, la haine jaillissant à la fois, tel un torrent impétueux, longtemps endigué, des millions de poitrines, où elle est étouffée, où elle gronde, sourde et terrible, s’ils entrent chez vous, dans vos palais, de force, s’ils brûlent, pillent tout, s’ils égorgent vos enfants et vos femmes, que leur répondrez-vous à ces gens que vous aurez traités comme des brutes et qui se vengeront comme des brutes !…

« Mais ce jour terrible, cette aurore sanglante que d’aucuns prévoient, chantent et espèrent, reluira jamais pour le plus grand honneur de l’humanité, si des âmes charitables compâtissent aux douleurs d’en bas. Ils sont si reconnaissants, ces misérables gueux, de ce qu’on fait pour eux, qu’ils épargneront toute une race d’hommes sans pitié, pour un qu’ils se rappelleront leur avoir apporté un morceau de pain, un peu de consolation. »

Jacques l’avait écouté, sans l’interrompre.

— C’est un fou pensa-t-il. Au diable ses misères humaines : je veux mon dossier.