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Page:Pierre Daru - l'astronomie - poème en six chants.djvu/109

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CHANT TROISIÈME.

D’un vol audacieux, sous ces voûtes profondes,
Il poursuit, il atteint, il pèse tous ces mondes.
L’art d’un cristal magique arme ses faibles yeux ;
Il force les soleils à descendre des cieux ;
Des siècles engloutis dans la nuit des ténèbres
S’éveillent à sa voix les ruines célèbres ;
Et cet être éphémère, aveugle, avec fierté
S’élance dans les temps et dans l’immensité.
      Mais, en osant tenter ces sublimes problêmes,
Combien l’esprit de l’homme enfanta de systèmes !
De nos propres erreurs esclaves complaisants,
Vainement avertis du mensonge des sens,
Nous aimons le prestige, et la raison confuse
Sortant péniblement d’un songe qui l’abuse,
N’abjure qu’à regret tous ces romans divers,
Qui sans l’étudier expliquent l’univers.
Qu’aux rives de l’Ægos un brûlant météore
Tombe du haut des airs aux pieds d’Anaxagore,
La Grèce adorera cet informe débris,
Comme un fragment lancé des célestes lambris(1).