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lentes si, mouvant des poids inégaux avec des vitesses inégales, elles font prendre la même valeur au produit du poids par la vitesse ; ce produit sera la mesure de la puissance.

Concevons, dès lors, un levier rectiligne qu’un point d’appui partage en deux bras inégaux, aux extrémités desquels pèsent deux masses inégales ; lorsque le levier tourne autour de son point d’appui, les deux poids se meuvent avec des vitesses différentes ; celui qui est le plus éloigné du point d’appui décrit, dans le même temps, un plus grand arc que celui qui est le plus proche du même point ; les vitesses qui animent les deux poids sont entre elles comme les longueurs des bras au bout desquels ils pèsent.

Lors donc que nous voudrons comparer les puissances de ces deux poids nous devrons, pour chacun d’eux, faire le produit du poids par la longueur du bras de levier ; celui-là l’emportera qui correspond au plus grand produit ; et si les deux produits sont égaux, les deux poids resteront en équilibre.

« Le poids qui est mû, dit Aristote[1], est au poids qui meut en raison inverse des longueurs des bras de levier ; toujours, en effet, un poids mouvra d’autant plus aisément qu’il sera plus loin du point d’appui. La cause en est celle que nous avons déjà mentionnée : la ligne qui s’écarte davantage du centre décrit un plus grand cercle. Donc, en employant une même puissance, le moteur décrira un parcours d’autant plus grand qu’il est plus éloigné du point d’appui. — Ὃ οὖν τὸ κινούμενον βάρος πρὸς τὸ κινοῦν, τὸ μῆκος ἀντιπήπονθεν. αἰεὶ δ’ὅσῳ ἂν μεῖζον ἀφεστήκῃ τοῦ ὑπομοχλίου, ῥᾷον κινήσσει. Αἰτία δ’ἐστὶν ἡ προλεχθεὶσα, ὅτι ἡ πλεῖον ἀπέχουσα ἐκ τοῦ κέντρου μείζονα κύκλον γράφει ὥστ ἀπὸ τῆσ αυτῆς ἰσχύος πλέον μεταστήσεται τὸ κινοῦν τὸ πλεῖον τοῦ ὑπομοχλίου ἀπέχον. »

  1. Aristote, Mηχανικὰ Pροβλήματα, Δ. Édition Didot, t. IV, p 58.