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de plusieurs de ces fragments. De leur lecture découlait cette conclusion que Léonard de Vinci, mort le 2 mai 1519, était déjà en possession de quelques-unes des grandes vérités dont on attribuait l’invention à Galilée ou à ses prédécesseurs immédiats ; de ce nombre était le célèbre Principe des vitesses virtuelles[1], devenu, depuis Lagrange, le fondement de toute la Mécanique.

Plus tard, Libri[2], par des extraits plus étendus, compléta et confirma la découverte de Venturi. Aujourd’hui qu’il nous est possible de connaître en détail une grande partie des manuscrits laissés par Léonard de Vinci, nous devons saluer en lui celui qui, poussant nos connaissances en Statique et en Dynamique au delà du point où les avaient amenées Aristote et Archimède, a déterminé la renaissance de la Mécanique.

Celui que Félix Ravaisson[3] a pu justement nommer « le grand initiateur de la pensée moderne » est, en Statique, un fidèle disciple d’Aristote ; ses pensées les plus neuves ont leur source dans la méditation des Questions mécaniques posées par le Stagirite.

Il admet, tout d’abord, la loi qui sert de fondement à la Statique péripatéticienne ; il l’énonce avec une grande précision[4] :

« Première : Si une puissance meut une corps quelque temps et quelque espace, la même puissance mouvra la moitié de ce corps dans le même temps deux fois cet espace. »

« Deuxième : Ou bien la même vertu mouvra la moitié de ce corps, en tout cet espace, en la moitié de ce temps. »

« Troisième : Et la moitié de cette vertu mouvra la

  1. Venturi, loc. cit., pp. 17 et 18.
  2. Histoire des Sciences mathématiques en Italie, depuis la Renaissance des lettres jusqu’à la fin du xviie siècle, t. III, pp. 10-60. Paris, 1840.
  3. Félix Ravaisson, La Philosophie en France au XIXe siècle, p. 5 Recueil de Rapports sur les progrés des lettres et des sciences, 1868).
  4. Les Manuscrits de Léonard de Vinci, publiés par Charles Ravaison-Mollien ; Ms. F de la Bibliothèque de l’Institut, fol. 26, recto. Paris, 1889.