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d’un axe et soumis à de semblables forces, la condition d’équilibre.

Il ne paraît pas qu’entre cette théorie des moments et l’axiome d’Aristote, il ait cherché à établir aucun lien. Un tel lien existe cependant ; la notion de moment apparaît de suite si l’on prend pour mesure de la puissance motrice qu’exerce une charge pendue à l’extrémité d’un bras de levier oblique, non pas le produit de cette charge par la vitesse avec laquelle tourne l’extrémité du levier, mais le produit de cette charge par la vitesse avec laquelle


elle s’abaisse. Cette modification à l’énoncé de l’axiome d’Aristote s’accorderait pleinement, d’ailleurs, avec l’idée, émise par Léonard dans un passage que nous avons cité, de prendre la hauteur de chute d’un poids pour mesure de l’effet mécanique produit. Mais pour apercevoir ce lien entre l’axiome d’Aristote et la notion de moment, il faut faire appel à la définition de la vitesse instantanée du mouvement de la charge ; or, cette notion, qui devait jouer un si grand rôle dans le développement de l’analyse infinitésimale, était encore bien confuse dans l’esprit de Léonard et de ses contemporains.

S’il est un problème mécanique qui se soit souvent présenté aux méditations du grand peintre, c’est assuré-