Quoy tu as doncq une Caille mignarde,
Que dans ton nid pour ta femme tu garde ?
Il est ainsi, et affin que tu sois
Plus asseuré, c’est celle que j’avois
Quand j’estois Homme, et quand dolent et morne
J’eus sur mon front une bessonne corne :
Soudain après que la mort la tua,
Le bon destin en Caille la mua,
Ayant la face, et le front d’une fée,
Et toutesfois n’est que Caille coiffée :
De femme elle a toutes les fonctions,
Tous les desirs, toutes les passions ;
Elle a les piedz et les mains aussi belles
Que les auroient autres femmes mortelles.
N’a-t-elle point d’entre-fesson aussi ?
Mais de la femme elle differe en cecy :
Elle a le poil, les ailles, le plumaige,
Le chant, les cris d’une Caille sauvaige :
Comme la Caille elle est chaude un petit,
Et bien souvent se met en appetit,
Me recherchant tout ainsi qu’une Caille
De ses hautz cris à celle fin que j’aille
La contenter de tout ce qu’il luy faut.
Voylà vrayment un animal bien chaut,
Je croy qu’il a une gentille adresse
Tremblant du dos, et jouant de la fesse ;