Page:Pierre Le Loyer - La Néphélococugie, édition de 1869.djvu/80

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
68
la comédie
Jean Cocu

Ne craignez point, je sçay une racine
Laquelle est tant admirable et divine,
Qu’incontinent que vous aurez frotté
Tout vostre corps de son jus esgoutte,
Vous serez faictz, sans perdre voz visaiges,
Voz piedz, voz mains, deux Cocus de plumages ;
Vous n’aurez plus de cornes sur le front,
Et en leur lieu deux seins vous paroistront
Couvertz de poil, et tymbrez en la sorte
Comme la huppe aux crestes qu’elle porte.
Ainsi je feuz mué premierement
Lors qu’esperdu comme vous du tourment
De voir mon front de cornes, effroyable,
Et de me voir aux hommes détestable,
Je me rendis en ce boys déserte
Où des Cocus j’euz la principauté.

Chœur

Prince, escoutez !

Jean Cocu

Prince, escoutez Qu’y a-t-il ? Je m’arreste.

Chœur

Nous voudrions bien vous faire une requeste.

Jean Cocu

Dittes-la-moy ?

Chœur

Dittes-la-moy Puisque vous emmenez
Ces bons vieillardz au nid où vous tenez,
Envoyez-nous la Caille vostre femme,
Qui de ses chantz, dont noz cœurs elle enflamme,
Nous aydera à faire resjouïr
Les spectateurs qui nous daignent ouïr.