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une descente au monde sous-terrien

bol de punch qui flambait, violemment secoué par la mer démontée,

« Et nous recommandions notre âme à Dieu ; ce n’était plus pour nous qu’une question de quelques secondes, lorsqu’un choc effroyable se produisit. Les îles Fernando-Noronha, sur lesquelles nous courions et que la grandeur du péril nous avait fait oublier, venaient d’un coup de leur éperon rocheux de compléter la catastrophe. Le Canadien s’écrasa dans un énorme feu d’artifice, et continua de flamber au sec, sur une sorte de boulevard de pierres plates où la force d’impulsion de la tempête l’avait lancé.

« Je vis mon compagnon décrire en l’air une énorme parabole, et piquer sa tête droit dans le brasier. Pour moi, je fus aussi projeté en avant, bien entendu, mais mon heure dernière n’avait pas sonné. Je tombai sur le côté du navire, dans une lacune de la chaussée rocheuse remplie d’eau. Péniblement, je me tirai hors de l’atteinte des lames qui déferlaient avec fureur autour de moi. J’eus la force aussi de me traîner assez loin du bateau, qui continuait de brûler à grand bruit et dont la chaleur me suffoquait, et au-dessus de la ligne d’algues qui m’indiquait la limite de la haute mer.

« J’eus fait, alors, tout ce qu’il m’était humainement possible de faire pour la protection de ma vie, et, m’abandonnant pour la suite aux soins de la Providence, je m’évanouis… ».