Page:Pierre Luguet Une descente au monde sous-terrien 1909.djvu/110

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

104
une descente au monde sous-terrien

maine ; leur corps nu, sauf une ceinture où pendaient des poignards, était couvert d’une peau sombre où je croyais voir le reflet d’écailles de poissons, mais d’écaillea excessivement fines. Quant au visage, il me sembla tout particulier. La bouche était figée dans la position que nous donnons à la nôtre pour prononcer certaines voyelles, A, O, U, par exemple. Le nez était à peu près pareil au nez humain, mais les ailes des narines étaient mobiles : non pas légèrement dilatables comme les nôtres, mais susceptibles de s’appliquer entièrement contre la cloison médiane et de former une fermeture hermétique. Les yeux étaient puissamment phosphorescents ; la scène étrange, à laquelle je prenais part n’était éclairée d’aucune lumière extérieure ; on ne voyait au ciel ni lune ni étoiles, puisque la tempête était encore dans toute sa violence et que les nuages noirs se suivaient sans interruption. Et, cependant, j’en voyais tous les détails presque aussi bien que si elle se fût passée en plein jour.

« Je restai pendant quelques minutes comme ahuri. Je vous l’assure, il me semblait vivre un cauchemar. Je n’étais cependant pas au bout de mes surprises. Les hommes étranges m’avaient étendu sur un lit de sable doux ; ils étaient agenouillés autour de moi ; ils paraissaient me soigner avec sollicitude et surveiller anxieusement mon retour à la conscience. Quand ils me virent ouvrir les yeux, un cri de joie sortit de leurs poitrines. Deux ou trois sur les vingt qui se trouvaient là, me parlèrent ensemble, et je tombai dans la plus profonde stupéfaction. L’un avait dit :

« — Para Kasara ?

« Un autre :