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une descente au monde sous-terrien

« — Poro Kosoro ?

« Et le troisième :

« — Piri Kisiri ?

« Ils avalent demandé la même chose, évidemment, et ce quelque chose s’inquiétait de l’état de ma santé. Mais dans quelle langue, je n’en avais pas la première idée, et pourquoi les mêmes articulations sur trois voyelles différentes, c’est ce que je ne pouvais pas m’expliquer non plus. Mais, puisque j’avais deviné le sens de la question, je voulus instinctivement y répondre, et je dis :

« — Je me sens beaucoup mieux, merci », ou quelque phrase approchante. Alors il se passa quelque chose d’excessivement singulier. Les hommes aux yeux phosphorescents se regardaient entre eux ; puis, ils me considéraient avec une expression de physionomie qui paraissait être de l’admiration ; ils se désignaient ma bouche, très différente des leurs, et échangeaient des réflexions avec volubilité. Mais je remarquai que des lèvres du même individu sortait toujours la même voyelle, sur les articulations les plus diverses. Celui qui avait dit : « Para Kasara » ne prononçait que les A ; celui qui avait dit : « Poro Kosoro » ne prononçait que les O, etc., etc. Et chacun d’eux semblait ne pas pouvoir produire d’autre son que celui que j’avais entendu dans sa bouche.

« Le premier me dit, comme s’il eût voulu faire une expérience :

« — Za mapa ratara calpa.

« Je crus comprendre qu’il désirait m’entendre répéter, et je répondis, sans savoir naturellement ce que je disais :

« — Za mapa ratara calpa.