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une descente au monde sous-terrien

voyelle. Celui qui est né pour dire A ne dira jamais autre chose que A ; celui qui est né pour dire O ne dira jamais autre chose que O. Ils parleront tous la même langue, ou du moins les articulations de la même langue, celle du pays où ils sont venus au monde — car il y a sur la face interne du globe autant de nations différentes que sur la face extérieure — mais ce sera chacun sur sa voyelle particulière, et sans pouvoir en changer. Ils se comprendront, bien entendu, parce que malgré la différence des sons c’est le même idiome qu’ils pratiquent, mais ils seront marqués dès la naissance d’un signe indélébile, et qui les distinguera jusqu’à la mort. Car on meurt sous terre comme dessus, bien qu’on y vive beaucoup plus longtemps.

« Mais ce n’est pas tout : non seulement les Sous-Terriens sont marqués pour toute leur existence du signe de leur voyelle particulière, mais encore l’espèce de la voyelle qui leur a été attribuée, ou imposée par la Nature, sera en rapport direct avec leur intelligence, avec leur esprit, avec le génie qu’on leur verra déployer. Je ne sais pas si je me fais bien comprendre.

— Oui, monsieur le président, répondit le petit docteur Francken, et ce que vous nous dites est certainement ce que j’ai entendu de plus intéressant dans ma vie. Mais un exemple préciserait utilement, sans doute, une théorie aussi nouvelle pour nous.

— Un exemple ?… Attendez. Un supplément d’explication, plutôt. Vous savez que les voyelles de la langue française sont normalement divisées en trois groupes :

« 1o Voyelles franches : A, E. I, O, U ;