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une descente au monde sous-terrien

rence et la structure de l’amadou. Il put arriver à l’allumer. Et bientôt une haute flamme jaillit, que les Kra-las considéraient avec surprise, car ils n’en avaient probablement jamais vu. Les naufragés s’y réchauffaient et s’y séchaient avec délices. Ils agissaient à présent librement ; leurs ravisseurs paraissaient avoir compris qu’il leur était désormais impossible de regagner la surface de la terre, et qu’en outre il leur fallait autre chose pour vivre que ce qui leur suffisait à eux-mêmes. Ils ne se montraient ni brutaux ni violents ; ils surveillaient, seulement, et faisaient de longues réflexions chaque fois que les humains exécutaient devant eux des actes qu’ils ne connaissaient pas.

Quelques-uns d’entre eux étaient restés dans les eaux du lac ; ils en sortirent portant des brassées de plantes sous-marines qu’ils se mirent à manger telles quelles. Ils en posèrent un fagot devant leurs prisonniers, qui restèrent longtemps avant de se décider à y toucher. Enfin, Van de Boot reconnut une espèce d’algue comestible, et en fit cuire quelques tiges. Les deux femmes en mangèrent un peu, non sans répugnance. La vieille Anglaise ne songeait plus à protester ; l’excès de son malheur l’avait pour ainsi dire guérie de ses ridicules ; elle était plus pitoyable que les autres, simplement.

— Où ces monstres nous conduisent-ils ? demandait-elle. Où sommes-nous à présent ?

— Je ne le sais pas exactement, répondait Van de Boot, mais nous avons certainement enfoncé de beaucoup dans l’épaisseur de la croûte terrestre.

— Peut-être n’irons-nous pas plus loin, suggérait la jeune fille. Peut-être ces animaux vivent-ils sur le bord du lac.