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Page:Pierre Luguet Une descente au monde sous-terrien 1909.djvu/152

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une descente au monde sous-terrien

couchés sur le dos, ils avaient la face tournée vers le centre de la terre.

En route, Cornélius Van de Boot avait appris de la jeune Anglaise ce qu’il en désirait savoir. Elle s’appelait Margaret Flower, était institutrice, et se rendait au Brésil, au moment où le naufrage du Marvellous l’avait supprimée du nombre des habitants de la terre, pour prendre les fonctions de gouvernante auprès des enfants d’une riche famille de Rio-de-Janeiro. On devait l’y croire morte, assurément, et ce n’était qu’une demi-erreur, car il était bien probable qu’elle ne regagnerait jamais la surface supérieure.

Van de Boot la réconforta du mieux qu’il put, lui versa des espérances qu’il ne partageait pas, et se présenta lui-même. Et la communauté de leur malheur établit immédiatement entre ces exilés une intimité et une sympathie qui ne devaient plus se démentir. Margaret considéra Van de Boot comme son père, et Van de Boot considéra Margaret comme sa fille. Et cela leur fut d’autant plus aisé à tous deux, et d’autant plus doux, qu’ils étaient, chacun de son côté, seuls au monde, et complètement privés d’affection.

Le voyage dura dix jours encore. Le zoologue estima du moins qu’il avait pu durer dix jours. Plus on montait dans la direction du centre de la terre, et plus il devenait pénible, plus les étapes se raccourcissaient, car la pesanteur reprenait de plus en plus impérieusement ses droits à mesure qu’on s’éloignait de la zone neutre. Les Kra-las réglaient leur ascension sur celle du professeur et de sa compagne ; l’un n’était plus jeune, et l’autre avait naturellement la fragilité de son sexe. En outre, la route était semée d’obstacles énormes, et