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une descente au monde sous-terrien

qu’il leur était absolument impossible de franchir. Les géants les reprenaient alors dans leurs bras, et les transportaient. Van de Boot avait fini par s’habituer au contact des quadrumanes, et il n’en souffrait plus. Mais Margaret ne le subissait jamais sans un frisson de répugnance et de frayeur. Le soir, tous deux s’arrêtaient exténués, se demandant combien de temps durerait encore cette montée à travers les couches terrestres, et surtout s’ils auraient la force d’arriver au bout. L’étrangeté, même, du spectacle qu’ils avaient sous les yeux ne les distrayait plus, ils traversaient des épaisseurs d’or à peu près pur, sans s’en apercevoir ; d’énormes pierres précieuses, enchâssées dans la roche, scintillaient devant eux sans qu’ils y donnassent un regard ; la collection des plus rares minerais défilait sous leurs pas sans attirer l’attention de Van de Boot, naturaliste fervent, et qui, habituellement, aurait donné beaucoup pour les contempler. Ils n’avaient plus qu’une hâte : arriver, arriver n’importe où, et se reposer.

Vers le soir du dixième jour, Van de Boot aperçut au-dessus de sa tête une lueur. D’où pouvait venir cette lueur, à la profondeur énorme où la caravane était parvenue ? Il était sur les épaules d’un Kra-la, et Margaret aussi, car la cheminée dans laquelle ils voyageaient était redevenue presque verticale, et il fallait, véritablement, que les gorilles de sous la terre fussent doués d’une force musculaire incomparable pour pouvoir la gravir comme ils le faisaient, en s’accrochant aux moindres saillies.

Une heure après, le premier d’entre eux parut prendre pied sur une espèce d’entablement, et disparut aux yeux de ceux qui demeuraient encore dans le tube. La lumière avait aug-