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une descente au monde sous-terrien

Il était tant soit peu ridicule, le vieux professeur Van de Boot, de l’Académie des sciences de Saardam, avalant ses larmes et bredouillant pour consoler la jeune Anglaise. Mais il était aussi infiniment touchant. Elle le sentit, essuya ses yeux pour ne pas l’attrister davantage, et lui tendit son front pur.

Et tous deux, moins désespérés, purent sans trop de douleur songer à l’avenir.

Au bout d’un instant le zoologue murmurait :

— Tu dois avoir faim ?

— Oui. Et vous aussi, sans doute ?

— Oui. Je n’ai rien mangé depuis vingt-quatre heures. Et mon dernier repas était de l’herbe. Je vais à la découverte. Il nous faut savoir ce que ce pays produit de comestible.

— Je vais avec vous.

Ils descendirent jusqu’à un roc qui s’avançait à une vingtaine de mètres dans la mer. Les Kra-las les suivaient dans l’eau, mais sans chercher à les empêcher d’avancer.

À la pointe de ce cap en miniature, le professeur cherchait des coquillages ; il n’en vit point, par un hasard. Mais il aperçut, filant dans les flots jaunâtres et transparents, d’énormes anguilles.

Alors il fit signe à un des Kra-las, et renouvela la tentative de pantomime qui lui avait déjà réussi une fois. Il désigna les poissons, en imitant d’un mouvement de la main leur fuite dans l’eau. Puis il fit le geste de manger. Le Sous-Terrien comprit, plongea, et remonta quelques instants après, tenant par les ouïes une anguille de deux mètres de long qui se débattait avec fureur. Il lui écrasa la tête d’un coup de poing sur