Page:Pierre Luguet Une descente au monde sous-terrien 1909.djvu/199

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

193
une descente au monde sous-terrien

à leur attitude des hommes sous-terriens. Ils saluèrent gracieusement Wilhelmine, et se mirent à table sans embarras. Ces amphibies s’étaient déjà civilisés, au contact d’André-Phocas de Haute-Lignée.

Francken, qui était resté quelques instants sans parler, ce qui lui avait été dur, fit pour Lhelma et pour Kerbiquet le récit de sa récente promenade, et énuméra les trouvailles qu’elle avait occasionnées. Il dit comment le dessous de la terre était en retard dans son évolution par rapport au dessus, comment il se trouvait encore, pour ainsi dire, antédiluvien, avec les races d’animaux et d’hommes, probablement, disparues déjà de la surface supérieure. Il fut verbeux, savant et aimable, et en oublia de manger.

Les Sous-Terriens, gens assez silencieux d’habitude, et d’ailleurs trop remplis d’un certain tact natif pour le manifester, se sentaient infiniment surpris de cette facilité d’élocution merveilleuse, et qui permettait au petit homme, premièrement, de verser tant d’articulations sur tant de voyelles différentes, et deuxièmement, de pouvoir parler à jet continu pendant tant de temps sans se fatiguer.

Et, quand il en fut à l’épisode du minerai d’or, Francken s’arrêta deux secondes, et dit gravement :

— Monsieur le Président, permettez-moi de vous féliciter de votre haute vertu.

— Quelle vertu ?

— De celle qui vous permet de rester ici en cherchant à améliorer le sort de ce peuple, tandis qu’il vous serait si facile de remonter sur la terre, et d’étonner le monde par vos richesses.