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une descente au monde sous-terrien

« Vous voyez d’ici les avantages. Jusqu’alors, les Sous-Terriens, n’ayant rien pour apprécier la fuite du temps, vivaient, dormaient et mangeaient au petit bonheur, et sans aucune régularité. Une cloche sonne maintenant six fois par vingt-quatre heures. Mes gens se règlent là-dessus comme ils l’entendent, et tous s’en trouvent très bien.

— Est-ce qu’il y avait autrefois des malades ? demanda vivement Francken.

— Non ; la maladie est inconnue de ces êtres.

— C’est juste. Et des pauvres ?

— Comment voulez-vous qu’il y ait des pauvres, puisque l’argent est inconnu et ne sert à rien ?

— En effet ! répliqua le petit docteur, légèrement désappointé. Vous disiez donc, Monsieur le Président ?

— L’appareil à mesurer le temps construit, il s’agissait de donner un début à ce temps, d’inventer une ère, si vous préférez. Et il fallait que l’instant choisi fut situé dans l’avenir, puisque le passé était irrévocablement condamné à rester dans l’imprécision. Nous avons alors décidé que le sablier serait mis en marche à l’instant exact où naîtrait le premier enfant Sous-Terrien dans la capitale. Et cette naissance ayant eu lieu le lendemain, à midi précis, pour surcroît de chance, le temps d’ici-bas a commencé. Je l’ai mis en concordance avec celui de dessus la terre, et de même que nous sommes le 25 février là-haut, nous sommes le 25 février. Ici, mais de l’année 11 au lieu de l’année 19.. Quant à l’enfant, dont la naissance a déterminé le commencement de notre ère, il vous suivait tantôt, docteur.