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une descente au monde sous-terrien

— Comment, c’est ce charmant gamin qui m’a donné ma première leçon de langue sous-terrienne ?

— Lui-même. Une sorte de superstition s’est attachée à lui. D’abord il parle en A, comme vous avez pu le constater, ce qui est l’indice d’une intelligence supérieure, et on le considère comme le symbole d’un progrès dont tout le monde a tiré avantage. Il est gâté et choyé universellement ; c’est d’ailleurs un bambin délicieux.

— C’est touchant, déclara Wilhelmine ; je voudrais le voir

— Rien de plus facile, Mademoiselle ; il ne doit pas être loin.

André de Haute-Lignée dit quelques mots à l’un de ses secrétaires, qui sortit et revint bientôt, amenant un joli enfant à l’air éveillé. Lhelma le prit sur ses genoux, le caressa et lui donna des fruits. Le gamin s’apprivoisa tout de suite et ne bougea plus.

— Il restait, poursuivit le président, à trouver des noms pour des milliers d’individus qui n’en avaient pas, et qui jusqu’alors étaient obligés d’user de longues périphrases pour se désigner les uns les autres, ce qui les gênait beaucoup et amenait toutes sortes de confusions. Nous y sommes arrivés, en ce qui concerne les Sous-Terriens à naître, en leur donnant pour nom la date de leur naissance, dans l’ère que nous venions d’inventer. Cet enfant, par exemple, s’appelle Satrama. Ces trois syllabes, traduites, signifient six-trois-un, ou, sans abréviation, six Mars de l’année Un, qui est le jour où il est né et où a commencé notre temps. C’est assez simple, comme vous voyez.

« À la convention, des usages se sont ajoutés. La première