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une descente au monde sous-terrien

Tout le monde avait frissonné à ce laconique rapport.

Des hommes !

Des hommes sous la terre ! Des hommes autres que ceux qu’y avait amenés le président ! Et au bord du désert ! La nouvelle était particulièrement grave.

— Ce sont peut-être des Kra-las ! suggéra Francken.

Mais Congo ne savait pas ce qu’étaient les Kra-las, bien qu’il en eut entendu parler plus de deux cents fois. Congo était un brave colosse de nègre à qui il ne fallait pas demander grand’chose, en dehors de son dévouement à son maître et de sa cuisine.

— Sais pas, déclara-t-il. Moi pas vu.

— Tu ne les as pas vus ?

— Non. Vu seulement pieds, dans le sable. Quatre pieds ; deux grands et deux petits. À côté, feu éteint. À côté, barque cassée. Pas bonne barque ; mal construite.

Nos amis s’y perdaient.

— Il faut aller voir, dit Kerbiquet. Congo est incapable de dire autre chose que ce qu’il a vu, et s’il s’agissait de Kra-las, il n’aurait trouvé ni cendres froides, ni barque brisée. Qu’en pensez-vous, Monsieur le Président ?

— Je suis tout à fait de votre avis ; il faut aller voir. Des hommes ici, en dehors de nous, vous m’en voyez tout bouleversé. La présence de ces hommes peut être, pour ce pauvre pays, l’annonce de malheurs sans nombre. Rendons-nous compte sans perdre un instant. Le départ attendra.

Ils se mirent en marche, guidés par Congo, et après avoir ordonné aux Sous-Terriens de les attendre.

— Mais, j’y songe, dit Wilhelmine, tandis qu’on longeait