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une descente au monde sous-terrien

terre glaise, avec une admirable netteté. L’une était plus grande que l’autre, mais la plus petite n’avait pas été posée par une femme. Congo, qui avait pour ces sortes d’examens une habileté de sauvage, le déclara sans hésiter. Les deux pieds étaient appuyés, assez lourds, les chaussures étaient carrées et garnies de gros clous.

Il s’agissait bien de deux hommes, et de deux hommes qui avaient débarqué là au lieu de s’y embarquer, comme ç’aurait été le cas s’il avait été question de Van de Boot. Une preuve encore, c’est que leurs traces s’enfonçaient vers l’intérieur du continent au lieu d’en venir.

Qui pouvaient être ces deux hommes, qui d’abord avaient trouvé le chemin pour traverser l’écorce terrestre, qui avaient franchi l’Océan moyen dans une barque rudimentaire, et qui, maintenant, osaient pénétrer dans le désert sans bornes, au risque de tous les périls ?

Kerbiquet songea un instant à Van Ah Fung et à un complice quelconque. Mais l’idée de ce poltron, s’engageant dans une aventure aussi dangereuse, lui parut tellement invraisemblable qu’il ne s’y arrêta pas.

Force fut enfin d’abandonner les traces inexorablement muettes, et de partir.

Le président de la République Sous-Terrienne déclara cependant :

— Si je puis arriver à m’emparer de ces deux hommes, ils ne reverront jamais la surface supérieure de la terre. J’ai horreur de tout ce qui est arbitraire ou violent, mais ils resteront ici prisonniers jusqu’à la fin de leurs jours. Je ne sais pas qui ils sont ; je ne comprends pas qu’ils aient pu arriver sous