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une descente au monde sous-terrien

sa force musculaire était restée considérable. La pression de ses bras s’exerçaient sur la cage thoracique de Congo, tandis que celle des bras de l’homme pesait seulement sur son épaisse colonne vertébrale.

Les deux corps roulèrent à terre, sans se lâcher. Ils se serraient à en mourir, et l’effort était tel de part et d’autre, que la bête et l’homme grognaient de la même façon, d’un grognement qui ressemblait à une plainte. Le groupe forcené se débattit longuement sur les pierres sans que le président pût trouver l’occasion de placer une balle.

Enfin les lutteurs, car c’était bien à une lutte que ressemblait ce combat mortel, poussèrent ensemble un cri de fureur suprême, et on entendit un affreux bruit d’os broyés.

L’ours et Congo rendirent ensemble un long flot de sang. Leur étreinte s’abandonna, et ils demeurèrent immobiles, les yeux clos, aux bras l’un de l’autre

Le président, Francken, les Sous-Terriens, maintenant arrivés sur le lieu du drame, se précipitérent vers le groupe pantelant encore. On désunit les deux corps gigantesques, et qui paraissaient s’étreindre encore avec fureur.

Hélas ! Congo n’était plus qu’un cadavre. Il avait sauvé Lhelma ; il l’avait tirée, comme il s’y était engagé, du plus effroyable des périls, mais c’était au prix de sa vie. Dans l’effort suprême qu’il avait fait pour vaincre son redoutable adversaire, effort musculaire prodigieux et qui avait brisé net la massive colonne vertébrale du monstre, le nègre avait fait éclater une de ses propres artères, voisine du cœur, et son existence s’en était allée subitement, avec son sang généreux d’athlète.