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une descente au monde sous-terrien

mais le nègre le serrait d’une si formidable étreinte que cette manœuvre lui était impossible.

Les choses restèrent ainsi pendant plusieurs secondes. Le monstre étranglait et ne respirait plus que par saccades, à longs intervalles ; sa langue sortait de sa gueule enflammée, ses yeux commençaient à se révulser. Congo, tous ses muscles tendus à rompre, la sueur sur le visage, les mâchoires contractées, serrait désespérément contre sa poitrine la gorge agonisante, lorsque la femelle lâcha le petit Satrama et vint au secours de son mâle.

À ce moment, André Phocas de Haute-Lignée apparaissait sur la clairière, un revolver à la main. Il s’élança. Mais il ne put pas arriver assez vite pour éviter au malheureux Congo un terrible et quintuple coup de griffe, qui, partant de son épaule droite, le laboura profondément jusqu’aux reins. Un fleuve de sang jaillit de l’affreuse blessure, sous l’empire de la douleur, le nègre tressaillit et relâcha son étreinte.

Ce fut d’ailleurs, tout le mal que put commettre la femelle de l’ours des cavernes. Le président était arrivé auprès d’elle, et deux coups de revolver l’avaient abattue.

Le mâle, cependant, près de suffoquer et sentant un répit dans la pression puissante qui lui écrasait le col, avait lâché Lhelma qui roula à terre, inerte, et d’un mouvement quasi convulsif s’était retourné dans les bras de Congo, qu’il saisît à son tour dans ses pattes énormes.

Une lutte effroyable commença, à laquelle il était impossible de mettre fin par un coup de feu, tant l’homme et la bête étaient mêlés ensemble et viraient rapidement. L’ours était affaibli par sa récente agonie, mais il respirait maintenant, et