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une descente au monde sous-terrien

auraient certainement massacrés sans l’intervention de leurs défenseurs, n’avaient pas eu le temps de leur faire de mal, et Francken s’assura bientôt que le drame passé n’aurait pour eux aucune suite fâcheuse, en dehors du profond ébranlement nerveux qu’ils avaient subi.

On les rapporta au camp, et une garde armée fut laissée auprès d’eux, tandis que les membres de l’expédition retournaient au centre de l’oasis, les uns pour inhumer Congo, les autres pour dépouiller les ours dont la fourrure serait donnée au capitaine Kerbiquet comme un triste souvenir de la perte de son serviteur, et les autres enfin pour compléter le chargement des mastodontes.

Car l’accident, qui avait transformé ce jour de repos en un jour de deuil, ne devait pas faire oublier le but de l’expédition commencée et si avancée déjà que tout le monde aurait considéré comme un crime d’y renoncer et de revenir en arrière. Il fallait retrouver, si c’était possible, Van de Boot et les deux Anglaises ; il fallait, surtout, ne pas manquer au rendez-vous donné au capitaine Kerbiquet, qui, en ce moment même, traversait à peu près seul le désert, au risque de tous les dangers, pour suivre, et saisir si c’était possible, les humains mystérieux qui avaient trouvé le chemin de la surface inférieure, et qui s’y étaient aventurés avec des intention inconnues, et par là même inquiétantes.

Le petit docteur Francken voulut, à tout prix, faire partie de la garde laissée au camp. Il s’arma jusqu’aux dents ; il avait complètement changé d’allures. Son intarissable gaieté avait fait place à une gravité jusqu’alors inobservée en lui. Ce n’était plus l’éternel bavard qui animait à lui seul l’existence