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une descente au monde sous-terrien

Le lendemain même, Wilhelmine et le petit Satrama se sentaient suffisamment remis pour reprendre la route vers le Sud. Il avait fallu leur apprendre, bien qu’on eût retardé autant que possible cette confidence, la mort de Congo, et tous deux voulurent s’arrêter longuement à sa tombe, avant de remonter sur les éléphants antédiluviens.

Devant la grotte ouverte sous les roches mille fois séculaires, une fosse avait été creusée. Le corps gigantesque du nègre y avait été placé, dans un cercueil fait à la hâte du bois que produisait l’oasis, et un amas de roches, dans un pittoresque désordre, couvrait la tombe, tant pour la protéger de l’attaque des fauves maintenant redoutés que pour marquer, dans l’avenir, la place où dormait de son dernier sommeil celui qui en avait été le héros.

Une croix de bois, très simple naturellement et massive, surmontait le tumulus, et c’est au pied de cette croix que Lhelma, gravement émue et les lames aux yeux, donna son dernier souvenir et sa dernière prière à celui dont l’abnégation, sublime en sa simplicité, avait été jusqu’à sacrifier sa vie pour sauvegarder la sienne.

La caravane, reformée, reprit ensuite sa marche vers le pôle sud, intérieur de la terre, à la rencontre, sans doute, de nouveaux mystères et de nouveaux dangers.

Mais il y avait quelque chose de changé, sinon dans son apparence générale, du moins dans l’état d’esprit de ceux qui la composaient

Les mastodontes, en sortant de l’oasis de verdure, avaient repris sur la terre éternellement brûlée des feux du soleil central leur allure à la fois lourde et rapide, ils portaient toujours