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une descente au monde sous-terrien

les Kra-las monstrueux, ravisseurs de Van de Boot et des deux Anglaises.

La température a varié aussi ; contrairement à ce qui se passe à la surface supérieure de la Terre, la chaleur a sensiblement augmenté. Et cela se conçoit si l’on veut considérer l’aplatissement du globe aux deux points où il est traversé par son axe. Pour le monde inférieur, ces deux points sont plus près du soleil central que les autres, et ils en reçoivent plus de lumière et de chaleur. Tout paraît étrange et anormal dans cet univers que des Terriens supérieurs explorent pour la première fois.

Voilà quinze jours, environ, deux hommes, venant du plein Nord, sont arrivés sur ce rivage en un équipage assez étrange. Ils étaient couchés sur une sorte de plate-forme à quatre roues, munie d’un mât, et pourvue d’une voile en écorce de rotin tressée, qui tombait en lambeaux et où le vent prenait à peine. Ces deux hommes paraissaient avoir beaucoup souffert ; ils étaient maigres, hâves et sombres. Ils étaient silencieux, aussi, et n’échangeaient que de brèves paroles, quand il leur était impossible de faire autrement.

Ils étaient exténués ; ils avaient donné leur dernier effort pour arriver aux rivages de l’Océan polaire. Le soleil immuable du centre avait desséché leur chair sur leurs os.

L’un d’eux, un petit homme à teint jaune, la face imberbe et ridée, les yeux tirés vers les tempes, dit d’une voix faible :

— J’ai soif.

— Moi aussi, j’ai soif, lui répondit un grand gaillard au regard glacial : mais je cherche.

Il était debout depuis quelques instants, en effet, et se