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une descente au monde sous-terrien

promenant sur la plage, à la découverte d’un filet d’eau douce. Mais il n’en trouvait pas. La grève était sableuse, imbibée d’eau salée jusqu’à une assez grande distance des flots, et coupée d’amas de rochers gris, cuits depuis des siècles et des siècles par l’immobile et puissant soleil central. Et, de toute évidence, les deux voyageurs subissaient en ce moment, et depuis longtemps sans doute, l’intolérable supplice de la soif, plus douloureux mille fois que la torture de la faim, que n’oubliant jamais ceux qui l’ont enduré, et qui conduit rapidement à la folie, puis à la mort.

Et c’est ce qui arriva ; ils marchèrent encore longtemps, mais ne trouvèrent pas le filet d’eau désiré ; puis, abandonnés à leur triste sort, ils moururent sans avoir pu satisfaire leurs désirs de vengeance. Personne ne les avait vus et personne n’en parla…

La grève, pendant environ deux de nos semaines terrestres, resta vide et déserte, devant le clapotement de la mer et sous les rayons d’un implacable soleil. C’était, d’une part, l’étendue sinistre et morte, où il semblait qu’aucun mouvement et aucun bruit ne pussent jamais se produire, et c’était de l’autre l’éternelle agitation des flots, renfermant des myriades d’êtres vivants, en course incessante à la poursuite de leur subsistance. Au-dessus de ce paysage étrange, et dont le trait principal était un contraste saisissant, un globe incandescent rougeoyait, immobile, envoyant de toutes parts une lumière dure et une accablante chaleur. Dans l’atmosphère, des oiseaux à large envergure planaient, ayant bien soin de rester au-dessus de la mer, et de ne jamais franchir la frontière, au delà de laquelle l’air montait à une véritable température de fournaise.