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une descente au monde sous-terrien

monstres du pôle, et de passer sur eux la colère que lui causait la perte de son serviteur.

Les Sous-Terriens, à qui ces paroles furent traduites, les applaudissaient avec ferveur, car si, pour les humains supérieurs, le but principal de la campagne était de délivrer les captifs, pour eux, qui avaient à venger des injures séculaires, le massacre des Kra-las restait l’affaire importante, et ils ne songeaient même pas à le dissimuler. Complètement rétablis de leurs fatigues passées par leur séjour au bord de la mer, où ils avaient vécu avec délices, on les voyait brandir leurs armes dans des attitudes de menace, et c’est avec des regards où ne brillait aucune tendresse qu’ils observaient le Sud, ce Sud mystérieux d’où leur venait jadis le malheur et la mort.

La troupe qui se confiait à la mer inconnue était alors composée de quatre humains supérieurs : Lhelma, Kerbiquet, Phocas de Haute-Lignée et Francken, de cent vingt Sous-Terriens, et de six mastodontes, sur six radeaux.

Le jour où l’on quitta le rivage était le 28 juin 19… Il y avait donc exactement dix mois que Van de Boot, la vieille Anglaise morte sans avoir dit son nom, et Margaret Flower, la douce et jolie institutrice, avaient été capturés par les Kra-las.

L’expédition, formée pour leur délivrance, était en droit de se croire infiniment supérieure aux monstres quelle allait combattre. Elle était armée, et ceux-ci ne l’étaient pas, du moins, quand on les avait vus pour la dernière fois dans la région tropicale. Les Sous-Terriens avaient leurs poignards empoisonnés, qui leur serviraient en cas de contact, et des armes à feu, sinon aussi perfectionnées que celles dont on fait usage au-dessus de la terre, du moins solides, d’un manie-