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une descente au monde sous-terrien

ment facile et rapide, et capables de faire en peu de temps beaucoup de mal à l’ennemi. Ils possédaient de petites pièces d’artillerie, établies avec leurs affûts sur le dos inébranlable des mastodontes, et qui produiraient le massacre des Kra-las sans leur laisser même le loisir de comprendre d’où leur tombait l’avalanche de plomb. La troupe, qui s’avançait vers le Sud, avait donc toutes raisons de manifester sa confiance dans le succès final, et d’arborer une attitude belliqueuse.

Celui qui l’arborait le plus fièrement était le petit docteur Francken, qui, dès l’entrée de l’expédition dans sa période active, s’était senti pris d’une belle ardeur guerrière, et qui ne parlait plus que d’assommer, égorger, pourfendre et anéantir. Il s’était fait donner par Jean Kerbiquet le commandement général de l’artillerie, et avait nommé Satrama son interprète auprès de ses servants.

Dès lors, il ne s’était plus accordé un instant de repos ; il avait passé son existence à escalader les mastodontes et à en dégringoler, donnant à son personnel particulier des ordres intarissables, lui expliquant cent fois de suite la charge, le pointage et la décharge des canons, se donnant un mal considérable, et regrettant de ne pouvoir déjà faire parler la poudre, ce qui lui aurait permis de produire un peu plus de bruit Satrama raccompagnait fidèlement et se montrait ravi de son maître, qui, de sa part, l’adorait. L’enfant, avec une facilité d’adaptation merveilleuse, avait déjà retenu assez de français pour tenir avec Francken de véritables conversations. Il prononçait à sa manière, c’est-à-dire sur la voyelle A, qui lui était seule possible, mais il construisait des phrases compliquées, assez correctement.