Page:Pierre Luguet Une descente au monde sous-terrien 1909.djvu/287

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

281
une descente au monde sous-terrien

peut pas se hausser jusqu’à ces subtilités. Il nous faut donc faire des fusils et des cartouches.

— Mais comment ?

— J’ai déjà trouvé du minerai de fer. Nous en ferons du fer, puis de l’acier, en nous servant du désir d’obéir, de l’esprit d’imitation et de la force musculaire des Kra-las. Pour le reste, je connais comme tout le monde la théorie générale des armes à feu, et nous avons un modèle. Et si je puis découvrir ici du soufre, tout ira. Je veux réussir, car je tiens maintenant à mon existence, et surtout à la tienne, et je ferai tout au monde pour les conserver.

De fait, Van de Boot réussit. Il trouva les matières premières, inventa des outils, se donna un mal prodigieux pour expliquer à ses ouvriers ce qu’ils avaient à faire, et finit par produire des armes à feu qui n’avaient rien d’élégant, maniables seulement pour les bras puissants des Kra-las, auxquelles un armurier professionnel aurait trouvé cent défauts, sans doute, mais qui n’éclataient pas dans les mains des tireurs et envoyaient leur projectile à huit cents mètres.

Certes, en agissant ainsi, Van de Boot ne se doutait pas qu’il travaillait contre ceux-là mêmes qui avaient entrepris sa délivrance. Et comment l’aurait-il imaginé ? Il croyait pleinement au mensonge des Kra-las, affirmant qu’ils avaient seulement voulu des armes défensives. Il y croyait si bien qu’après leur avoir donné le moyen de massacrer ses propres amis, il leur indiqua celui de rendre inaccessibles certaines de leurs îles, en établissant dans les solutions de continuité des falaises de hautes murailles de roches amoncelées, derrière lesquelles ils défieraient aisément tous les assauts.