Page:Pierre Luguet Une descente au monde sous-terrien 1909.djvu/286

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

280
une descente au monde sous-terrien

Kra-Ia s’agitant devant eux, faisant de grands gestes montrant un fusil, et prononçant des discours auxquels ni Van de Boot ni Margaret ne comprenaient rien, naturellement.

Ils se livrèrent à toutes les conjectures imaginables, et finirent par renoncer à deviner ce que pouvait bien vouloir dire le monstre avec son arme à feu.

Quelque temps après, cependant, la situation s’était modifiée. Le savant, bien qu’il n’eût pas l’extrême facilité de son collègue Van Tratter, s’était assimilé les premiers éléments de la langue Kra-la, et voici ce qu’il fut en état de traduire à la jeune fille qui partageait sa captivité.

— Les Kra-las craignent d’être assaillis par des peuplades venant du Nord, qui possèdent des fusils, et qui les massacreraient jusqu’au dernier. Ils ne savent pas fabriquer les armes à feu par leurs propres moyens, mais connaissaient l’existence d’une race supérieure, et qui en est munie. Ils se sont donc arrangés pour capturer des échantillons de cette race, et voilà ce qui va se passer : Si nous leur confectionnons des fusils et des munitions, nous vivrons ici sans que jamais personne songe à nous maltraiter. Si, au contraire, nous ne leur donnons pas ce qu’ils désirent, il faut nous attendre à toutes les horreurs, et à la plus misérable des fins.

Margaret frissonna.

— Je te dis les choses comme elles sont, poursuivit Van de Boot, parce que je te sais brave et parce qu’en outre tout n’est pas perdu. J’ai cherché à faire comprendre à ces brutes que nous n’étions pas armuriers, et que chez nous les hommes se spécialisent chacun dans leur industrie. J’y ai perdu mon latin, ou plutôt mon Kra-la : leur intelligence rudimentaire ne