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une descente au monde sous-terrien

Le radeau vint au ras de la roche ; Margaret y sauta, tremblante malgré son empire sur elle-même, et Kerbiquet lui dit doucement, au passage :

— Ne craignez plus rien, Mademoiselle ; vous êtes en sûreté.

Van de Boot embarqua à son tour, puis ce fut celui des dix guerriers Kra-las, surveillant tout avec défiance. Il ne fut pas dit un mot ; il ne fut pas fait un geste ; il ne fut pas lancé un regard de trop, et les milliers d’yeux surveillant de terre la miraculeuse entrevue des Européens perdus à la surface inférieure, ne purent rien surprendre qui leur donnât le plus léger soupçon.

Le radeau releva sa voile et reprit la direction de la flottille, où il atteignit en quelques minutes, car elle était fort rapprochée de la côte. Personne n’avait parlé ; tout le monde se sentait sous le poids d’une émotion grave et, sur la falaise, les gigantesques gorilles se montraient, véritable fourmilière de monstres, puisqu’ils savaient qu’on était en trêve et qu’il n’y avait momentanément rien à craindre.

Kerbiquet avait cependant donné des ordres mystérieux, et Van de Boot, sa fille adoptive, son escorte, s’étaient placés derrière le mastodonte porté par leur radeau, de façon à devenir invisibles de terre. Et doucement, silencieusement, sans attirer leur attention, des Sous-Terriens s’étaient approchés des Kra-las.

Le capitaine, voyant les six radeaux réunis, fit un signe, et les Kra-las tombèrent sans un cri, sans un geste de défense, foudroyés. Les poignards empoisonnés venaient de faire leur œuvre.