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une descente au monde sous-terrien

mal un morceau de toile au bout d’une perche, et était revenue au rempart, où elle avait montré l’emblème de paix.

On vit alors un radeau se détacher de la flottille et s’avancer vers la côte. Les Européens s’étaient entendus ; tout ce qui leur restait à faire était maintenant d’exécuter leur programme sans commettre de maladresses, et sans donner l’éveil aux Kra-las avant le temps où leur fureur deviendrait impuissante.

Van de Boot, Margaret Flower et dix Kra-las armés descendirent au bord des flots, dont s’approchait rapidement l’embarcation « ennemie ».

Dès qu’on fut à portée de la voix Kerbiquet prit la parole, et le dialogue suivant s’engagea en français, dont les Kra-las ne comprirent naturellement pas une syllabe.

— Ne laissez voir aucune émotion ni aucune joie, disait le capitaine au long cours. Il y va de la réussite. Restez calmes et froids. Quand vous serez sur le radeau, pas d’effusions, pas de cris : la dignité quelque peu défiante d’ennemis qui vont conférer, quitte à reprendre plus tard la lutte. Pourquoi n’êtes-vous que deux ?

— Nous avons perdu une de nos compagnes, répondit Van de Boot, debout sur une roche à l’extrême limite des flots.

— Vous n’avez pas pu vous dispenser de prendre une escorte ?

— Les Kra-las me l’ont imposée, non dans un sentiment de défiance, mais pour ma protection.

— Bien. Votre escorte embarquera. Nous nous en déferons ensuite. Sommes-nous parés ?

— Oui.

— Accoste.