Page:Pierre Luguet Une descente au monde sous-terrien 1909.djvu/300

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

294
une descente au monde sous-terrien

L’ordre fut traduit par Phocas de Haute-Lignée ; les Sous-Terriens saisirent leurs armes, et gagnèrent les places qui leur avaient été assignées autour des radeaux. Wilhelmine et Margaret, ainsi que le petit Satrama, durent rentrer dans l’abri. Francken monta vers son artillerie ; il y fut porté, plutôt, car sa blessure ne lui permettait aucune gymnastique, et il se disposa, l’âme joyeuse, à faire enfin parler les canons.

Mais ceux-ci ne devaient décidément pas, au cours de cette campagne, faire entendre leur grosse voix.

La fusillade n’avait, en effet, duré que quelques secondes. Puis on avait entendu une véritable tempête de cris forcenés, et les gens de la flottille avaient pu voir les Kra-las jeter leurs armes et se lancer à la mer, leur élément.

Les monstres avaient enfin compris de quelle façon Van de Boot et sa compagne s’étaient joués d’eux, et la fureur avait empli tout à coup leurs âmes bestiales.

Ils arrivaient par milliers à la poursuite des radeaux, et c’était un combat féroce qui se préparait, au cours duquel les brutes n’auraient plus de fusils, sans doute, mais où elles auraient le nombre, et leur force musculaire à peu près inépuisable.

Et si l’on pouvait espérer qu’elles ne gagneraient pas de vitesse la flottille, il fallut rapidement renoncer à cet espoir. Les gorilles amphibies filaient dans les flots avec une vélocité surprenante. Leurs mouvements de nage les poussaient en avant par bond de quinze mètres, et il fut bientôt certain que le corps à corps ne serait pas évité.

Kerbiquet commanda des feux de salve dans le troupeau, puis un feu à volonté plus meurtrier encore. De grands corps