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une descente au monde sous-terrien

verdâtres flottèrent sur les eaux ensanglantées, des rugissements de douleur s’entendirent, mais rien n’interrompit l’élan des monstres, à présent dominés par la rage, et en qui réapparaissait l’ancien appétit de carnage, depuis si longtemps inassouvi.

Aucun des Kra-las ne savait exactement pourquoi il se ruait vers l’ennemi ; la possession de Van de Boot et de sa fille adoptive n’avait plus rien qui les intêressât, puisque les humains supérieurs avaient donné ce qu’ils en prétendaient tirer. Mais leur intelligence était assez développée pour qu’ils sentissent la honte d’avoir été pris pour dupes, et un furieux désir de vengeance les poussait, ainsi que leur vieille haine contre les habitants des Républiques Centrales.

Et le contact eut lieu. Il fut d’une violence extrême, et couvrit en quelques instants la mer de cadavres. Les Sous-Terriens, en voyant approcher leurs ennemis, avaient jeté derrière eux leurs carabines, et s’étaient mis à plat ventre, les poignards empoisonnés à la main. Et aussitôt qu’apparaissaient un bras, une rangée de griffes, une piqûre immobilisait un monstre. Mais il en arrivait toujours, et les terribles dagues ne faisaient plus que s’élever et s’abattre, ayant à peine le temps de frapper tout ce qui venait quêter la mort.

Les flots présentaient un grouillement affreux. Les Kra-las vivants se jetaient à l’attaque en glissant contre ceux qui ne l’étaient plus. Bientôt, le nombre des cadavres fut tel qu’ils formèrent une couche, un terrain solide, une île véritable entourant les radeaux, et sur laquelle les assaillants pouvaient marcher sans l’enfoncer. C’était hideux et effrayant. Kerbiquet, le président, Francken et Van de Boot, qui, de temps en