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une descente au monde sous-terrien

— Mon oncle, le capitaine Kerbiquet veut bien retarder son départ, et rester vingt-quatre heures avec nous.

— Très bien, répondit le savant, qui n’avait pas entendu un mot de ce que lui avait dit sa nièce, parce qu’à la même minute il ruminait la réponse à faire, en sibérien pur, à une note récemment reçue de Tobolsk.

— Et dans huit jours, poursuivit Lhelma, nous prendrons passage à bord du Pétrel, pour aller au cap Horn chercher mon parrain Wilhelm.

— Bon ! dit encore Van Tratter, qui n’avait pas écouté la seconde phrase plus que la première, et qui n’était pas sorti de ses méditations.

En arrivant à la maison, il fallut asseoir Congo devant le fourneau de la cuisine et lui servir un grand verre de rhum. Il gelait ; il était déjà tout raide ; son vert olive avait tourné à l’aubergine. Catharina, une vieille servante qui avait vu naître Wilhelmine et qui faisait partie du home de Van Tratter à titre inamovible, faillit s’évanouir de peur en voyant entrer dans son domaine ce colosse titubant de froid. Il fallut un quart d’heure pour lui faire comprendre qu’elle n’avait absolument rien à en redouter, que l’ogre était inoffensif, qu’elle pouvait même le battre si tel était son plaisir, et qu’il n’y avait avec lui qu’une précaution à prendre : ne pas lui confier d’objets fragiles, parce qu’il les écrasait.

Congo, pendant ce quart d’heure, s’était réchauffé ; il souriait ; Catharina crut voir s’ouvrir un puits. Elle demeura à distance circonspecte du géant.

Van Tratter, Lhelma et Jean Kerbiquet se rendirent dans la salle à manger, où les accueillit un vaste éclat de rire,