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une descente au monde sous-terrien

ils sont certes assez âgés pour savoir ce qu’ils ont à faire, mais si l’on nous avait conviés à la promenade extra-équatoriale qu’on leur propose, nous y regarderions probablement à deux fois avant de boucler nos valises.

L’aventure de l’infortuné Van de Boot nous paraît par trop extraordinaire ; les fameux singes géants et amphibies nous font tout à fait l’effet de canards ; les Français sont des gens très aimables, mais doués d’une imagination ardente, et qui ne dédaignent pas, à l’occasion, de mystifier leurs contemporains. Le capitaine Kerbiquet aurait voulu, comme on dit dans son pays, « s’offrir la tête » des Académiciens de Saardam que nous n’en serions pas davantage surpris. Et, sans doute, conviendrait-il à ceux-ci, avant de s’engager davantage, d’examiner s’ils ne sont pas en train d’exécuter un plongeon dans un océan de ridicule d’où ils ne se tireront jamais. Une quarantaine de profonds savants, bernés sans la moindre difficulté par un jeune fantaisiste, serait là un spectacle original pour la galerie, sans doute, mais peu fait pour rehausser le prestige d’une Assemblée qu’on accuse déjà d’être momifiée, ou fossilifiée, ou atteinte d’anémie cérébrale.

Nous croyons faire œuvre charitable en l’avertissant qu’il y a probablement des pièges à naïfs sur la route qu’elle se dispose à suivre.

Cet article ne tenait pas debout, très évidemment. Il suffisait de se rappeler que la note apportée par le capitaine Kerbiquet était de la main même de Cornélius Van de Boot — un indiscutable autographe — pour écarter de l’esprit du jeune