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une descente au monde sous-terrien

nière heure annonçant qu’il contractait une attaque d’influenza au moment précis de fermer sa malle, et qu’on n’eût pas à compter sur lui. La chronique ne nous a malheureusement pas conservé le nom de ce courageux citoyen.

À cinq heures du soir les voyageurs avaient pris possession de leurs cabines et fait disparaître les traces du voyage en chemin de fer. Le Pétrel devait lever l’ancre à sept heures, après le dîner qui aurait lieu dans le port, Wilhelmine avait été soignée de façon toute particulière : on lui avait aménagé une ravissante chambre à coucher sous ta tourelle d’arrière, avec un balcon sur la mer où elle pourrait s’isoler et rêver à son aise en contemplant les frisures murmurantes du sillage. Jean Kerbiquet avait engagé pour son service spécial une femme de chambre habituée à naviguer, et Congo, le gigantesque Congo, prit auprès d’elle, aussitôt son arrivée à bord, les fonctions de garde du corps qu’il ne devait plus quitter.

Van Tratter fut logé dans une vaste cabine, sur le pont, presque au-dessus de celle de sa nièce. On l’aurait mis ailleurs, au surplus, que cela lui aurait été parfaitement égal. Le digne savant, toujours tant soit peu éloigné des choses de ce monde, avait fait le voyage de Saardam à Dunkerque dans une assez nébuleuse disposition d’esprit, un dictionnaire syriaque à la main. En arrivant dans sa chambre, il y avait trouvé deux caisses de livres polyglottes que Wilhelmine avait eu la délicate attention d’expédier pour lui, et, tandis que grondaient les treuils, que traînaient les chaînes, que sifflaient les jets de vapeur, que se criaient les ordres, que se produisait tout le tintamarre accompagnant les préparatifs de départ d’un steamer, il composait paisiblement une adresse