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une descente au monde sous-terrien

de peur. Le seul nom de Congo lui avait donné un tremblement significatif ; le fait de se sentir saisi dans les étaux qui lui servaient de mains lui avait rappelé, de fort désagréable façon, son premier contact avec le géant, et c’est à peine s’il n’avait pas ressenti, en imagination, les dix coups d’assommoir, jadis reçus sur une partie du corps qui ne s’assomme pas d’ordinaire.

Il ne s’éloigna pas immédiatement, toutefois. Pendant quelques instants, il resta dissimulé dans l’ombre et complètement immobile. Et quand il remua, ce fut pour se rapprocher prudemment du bordage du Pétrel, amarré à quai, et murmurer dans une oreille toute portée pour recevoir cet avis :

— Tout sera fait.

— Bien, répondit son interlocuteur mystérieux.

Van Ah Fung s’éloigna rapidement, alors, et un homme, à bord, regagna le poste de l’équipage, à l’avant, en se coulant doucement dans l’obscurité. Cet homme n’était autre que Johann Wurtzler, le nouveau mécanicien.

Comment connaissait-il le Chinois-Hollandais, blackboulé par l’Académie des sciences de Saardam ? Pourquoi tenait-il avec lui des conférences à voix basse ? D’où venait qu’il s’était présenté pour remplacer Leurzon au moment précis où celui-ci manquait à son service, lui qui n’avait jamais manqué, c’est ce qu’il aurait été facile d’expliquer, sans doute, pour quelqu’un ayant suivi Van Ah Fung depuis trois jours.

Et de fait, puisque nous le savons, pourquoi ne pas le dire tout de suite ? Van Ah Fung avait formé le projet de voyager