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une descente au monde sous-terrien

— J’ai confiance en vous, répondit Kerbiquet. Faites pour le mieux.

— Merci, capitaine.

Le mécanicien s’éloigna. Mais Plougonnec était resté sur la passerelle, et tournait son bonnet dans ses doigts. Plougonnec devait avoir quelque chose de très embarrassant à dire, car il en oubliait d’ôter sa chique.

— Que désirez-vous, maître ? lui demanda Kerbiquet

— Faites excuse, commandant, que p’têtre j’ai raison et que p’têtre j’ai tort, et que je ne suis qu’une vieille bête, mais je viens d’entendre quéq’chose qui me sonne louche, j’crois qu’il vaudrait tout autant que je vous en fasse part.

— Ah !… Quoi donc ?

— C’est sauf votre respect, commandant, par rapport à ce particulier que j’ai mis dans la machine en partant de Dunkerque et qui vient de vous parler.

— Est-ce qu’il ne fait pas son service ?

— Pardon, excuse, commandant. Pour faire son service, il le fait, et même qu’il n’y a pas à y reprendre.

— Alors ?

— Mais j’viens de remarquer que c’t’homme-là, quand y m’parle, y parle comme moi, c’est-à-dire comme l’âne le plus fieffé de la Bretagne qui ne sait ni A ni B. Et quand il vous cause, à vous, commandant, il cause comme vous. C’est-à-dire comme les gens éduqués. Ça ne me paraît pas clair, à moi, cette façon de se conduire. On est ce qu’on est, pas vrai, on est pas autre chose. Si je voulais faire des prêches bien travaillés comme les vôtres, qui vous sortent sans que vous ayez tant seulement l’air d’y penser, je m’empatau-