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une descente au monde sous-terrien

gerais toutes les trois paroles ; et si vous vouliez dégoiser comme moi, sauf respect, commandant, j’aurais vite fait de voir que nous n’avons pas lampé à la même écuelle. Pourquoi donc qu’il a deux façons, ce négociant-là ? Moi, j’aime pas les gens à double face, et, quand j’en vois, je me figure toujours qu’ils fricotent quelque chose de pas fameux. J’avais ça dans mon sac, commandant et fallait qu’ça parte. Vous en prendrez ce qui vous fera plaisir.

Jean Kerbiquet, pendant le pittoresque discours de son maître d’équipage, était resté soucieux. Lui, non plus, n’aimait pas les doubles visages, et l’attitude de Wurtzler, parlant comme les matelots quand il se trouvait avec eux, et correctement pour les hommes de bonne éducation, ne laissait pas que de le faire réfléchir. Cet homme jouait donc un rôle, quand il se trouvait mêlé à l’équipage, cherchant à faire croire qu’il était du même monde ? Il venait donc inconsciemment de se trahir, dans une minute d’inattention ? Et quel était son but ? Qui sait si la malveillance ne s’y mêlait pas ?… Dans l’affirmative, c’était grave, car Wurtzler était seul à bord à connaître à fond la machine, et de sa trahison pouvaient dépendre de très grands malheurs.

Kerbiquet ne voulut cependant pas laisser paraître entière l’impression qu’il avait ressentie de l’avertissement du vieux matelot

— Merci, Plougonnec, dit-il. Je ne crois pas qu’il faille attacher beaucoup d’importance à ce que vous avez découvert. Je connais beaucoup de gens qui savent s’approprier au milieu où ils vivent, au point qu’on croirait qu’ils en font partie. Cependant, comme nous ne connaissons pas du tout