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une descente au monde sous-terrien

elle ne comprenait pas le mot. Seul, Van Tratter n’avait pas bougé. Après avoir vécu tout le jour avec ses papiers polyglottes, il dormait sept ou huit heures d’un sommeil enfantin ; une charge d’artillerie, passant dans sa chambre, ne l’aurait peut-être pas éveillé.

Il y eut sur le navire quelques instants d’indescriptible désordre. Puis la voix de Jean Kerbiquet s’éleva, calme et forte dans la nuit :

— Tout le monde à son poste. Ici, Plougonnec.

Chacun se rangea. Plougonnec arriva.

— Un homme de la machine, commanda le capitaine.

Cet homme se présenta, pâle et tremblant.

— Qu’y a-t-il ? lui demanda Kerbiquet.

— Arbre de couche cassé, répondit-il laconiquement.

— Cassé ! Faussé, voulez-vous dire ?

— Non, capitaine, cassé, cassé en deux près de la sortie.

— Johann Wurtzler ! appela Kerbiquet.

Le mécanicien s’avança.

— Visitez, et rendez-moi compte.

Wurtzler partit et revint dix minutes plus tard.

— Eh bien ?

— Eh ! bien, capitaine, l’arbre de couche s’est brisé près de sa sortie. À l’instant même, pendant que je visitais, le poids de l’hélice a forcé le tronçon à passer par l’ouverture, et la pièce est tombée au fond de l’eau. J’ai fait aveugler la voie ; on y travaille en ce moment.

— Sondez ! commanda Kerbiquet

La sonde jetée marqua cent cinquante mètres de profondeur.