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une descente au monde sous-terrien

ce mécanicien, et puisqu’il vous paraît suspect, ayez un œil sur lui. Et au premier mouvement douteux, fourrez-le à fond de cale. C’est tout ce qu’on peut faire, je crois, pour le moment.

Plougonnec eut, on peut le croire, à dater de cette heure, un œil sérieux sur Johann Wurtzler. Le vieux maître d’équipage, droit comme un mât, avait instinctivement horreur de tout ce qui ne s’expliquait pas de la façon la plus naturelle, et il avait parfaitement remarqué, en outre, que son capitaine était très préoccupé, bien qu’il ne voulût pas en avoir l’air.

Mais la surveillance ne donna absolument aucun résultat, pour cette raison, sans doute, qu’elle se produisait trop tard.

Wurtzler devait quitter le quart à huit heures. Il déclara qu’il resterait au fond jusqu’à minuit la machine ayant encore besoin d’être surveillée. À minuit, il remonta, et s’en fut directement au poste de l’équipage, où il s’étendit dans son hamac et s’endormit paisiblement

Et, à deux heures du matin, le navire tout entier était secoué violemment, comme lorsqu’un gros tangage fait sortir de l’eau l’hélice qui s’affole. La machine s’était mise à battre des coups de pistons précipités, montrant qu’elle n’avait plus aucune résistance à vaincre. Un homme se jeta sur le levier de mise en marche et stoppa. Peu à peu, le Pétrel perdit sa vitesse et s’immobilisa sur les flots.

Tout l’équipage, Plougonnec en tête, Wurtzler, apparemment aussi effaré que les autres, avait sauté hors des couchettes. Kerbiquet s’était éveillé en sursaut et avait paru sur la passerelle, à demi vêtu. Congo, qui couchait en travers de la porte de Wilhelmine, accourait, suivi du docteur et de la jeune fille elle-même, prise d’une inquiétude instinctive dont