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une descente au monde sous-terrien

— Il n’y a pas à s’alarmer, expliquait le capitaine Jean Kerbiquet. Le pis qui puisse nous arriver est que mes hommes ne réussissent pas à remplacer l’arbre de couche. Et j’admets facilement qu’ils n’y réussissent pas, car c’est délicat et difficile, surtout en pleine mer. Mais, même en ce cas, nous ne serions pas le moins du monde en danger. Nous devons être tout près de terre, à cinquante mille à peu près du cap Saint-Roch. Le calme ne durera pas éternellement, et le premier coup de vent peut nous y conduire. En outre, nous sommes en ce moment sur le passage de trois grandes lignes de paquebots : la ligne de Pernambuco à Dakar et à Bordeaux, la ligne de Melbourne à Liverpool, et celle du Havre à Rio-de-Janeiro. Nous aurions bien du malheur si nous ne trouvions pas un bateau qui nous prenne en remorque jusqu’à un port quelconque où nous nous ferons réparer. C’est un retard, et c’est regrettable à cause de votre compatriote, qui est peut-être en danger pendant que nous nous immobilisons ici, mais, ce n’est qu’un retard.

À midi, le point exact donna 3° de latitude sud, et 32° 3’ de longitude ouest.

Tous les passagers étaient sur le pont, protégés par les tentes et surveillant la mer, qui donnait, à cet instant, l’aspect d’un immense miroir de plomb. On n’y voyait ni une voile ni une fumée ; l’air vibrait sous la chaleur torride, et de gros nuages cuivrés pendaient du ciel.

Tout à coup, retentit le cri sinistre que les marins n’entendent jamais sans frémir :

— Un homme à la mer par tribord arrière !

Il faut avoir entendu ce cri, surtout quand il est poussé par