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la chronique

est bien difficile de prétendre que la Troisième République n’a pas réussi : l’évidence de son succès s’impose. Cinq faits principaux l’attestent. C’est d’abord la puissance numérique et technique de l’armée et de la flotte françaises. Jusqu’ici aucune nation ne s’était crue dans la nécessité de constituer de pareilles forces en même temps sur terre et sur mer ; l’Angleterre n’avait qu’une petite armée et l’Allemagne, un embryon de flotte. Que le calcul de la France ait été faux, soit ; peut-être le jugez-vous tel et pensez-vous que, ne pouvant prétendre à mettre en ligne à la fois autant de soldats que l’Allemagne et autant de vaisseaux que l’Angleterre, la France eut agi plus sagement en limitant ses armements au strict nécessaire. En tous les cas, ce qu’il est impossible de nier, c’est que de tels armements ne soient une preuve de puissance, surtout si les charges écrasantes qui en résultent ne semblent pas appauvrir le pays. Or, la prospérité — et voilà un second fait — s’est affirmée à trois reprises par les Expositions Universelles tenues à Paris en 1878, en 1889 et en 1900. Les arguments dont sont coutumiers les adversaires des Expositions demeurent ici sans portée ; que le bénéfice retiré ait été médiocre ou