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la chronique

tectrices. Quiconque réfléchit, voit dans ce fait une explication et presque une excuse au soulèvement actuel et aux encouragements que lui donnèrent la cour et les mandarins.

Sans séparer son action de celle de la Russie, la France avait le devoir de songer dès lors à ses intérêts particuliers, lesquels se ramènent à deux points principaux. Il lui importe d’écarter le plus possible des frontières du Tonkin toute influence Européenne et de faire durer le plus possible, en le fortifiant de son mieux, le protectorat général des missions catholiques dont elle est investie. Des dangers précis menacent à la fois les frontières et le protectorat. Si rapides qu’aient été l’occupation et l’appropriation de la Birmanie par les Anglais, ils n’ont pu établir de communications avec la Chine par le nord du Tonkin, déjà aux mains des Français ; or, ils sont séparés du Yun-Nan par des barrières naturelles réputées infranchissables et ils ne sauraient raisonnablement essayer de franchir ces barrières tant que le Yun-Nan demeure un pays hostile où la sécurité des commerçants européens n’est pas garantie. De là ce plan génialement simple de faire marcher, par la vallée du Yang-Tsé, les Anglais de Shanghaï au devant des