à Londres et à Berlin une mission chargée de négocier des traités de commerce et de planter, si possible, des jalons politiques en vue d’une intervention éventuelle. M. Delcassé exigea alors qu’une seconde mission, ayant à sa tête le ministre des Affaires étrangères de l’Empire, vint à Paris et de là se rendit à Pétersbourg, de façon à contrebalancer l’effet et à neutraliser les actes de la première mission. Mais, en même temps, il profita d’une interpellation qui lui était adressée pour s’expliquer, devant le Sénat, sur la ligne politique qu’il avait cru devoir adopter. Son discours fut à la fois, prudent et ferme. Il coupa court aux bruits alarmants, insidieusement répandus, et ne put laisser de doute sur la pureté des intentions du cabinet de Paris. Le ministre déclara nettement que la France ne cherchait en aucune façon à établir son protectorat sur le Maroc et que tout ce qu’elle désirait, était le maintien du statu quo. Il prouva même que dans ses revendications, elle n’avait pas été jusqu’au bout de ce qu’elle eût pu exiger. Mais en regard de cette modération, il indiqua « l’intérêt singulier » avec lequel la France est contrainte, par la force même des choses, de suivre de très près tout ce qui se passe au Maroc.
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