poésie et d’enthousiasme. On peut d’autant mieux l’opposer au « Fantôme », qu’à maintes reprises Bourget a marqué, avec vigueur et persévérance, des préoccupations semblables à celles que nous louons aujourd’hui chez René Bazin. Il faut que les romanciers Français, sous peine de décheoir définitivement, regagnent les sommets désertés et en fassent de nouveau le centre de leur activité littéraire.
« Les Oberlé » mettent en scène, pour ainsi dire, quatre collectivités distinctes, étroitement mêlées les unes aux autres par la profondeur du sentiment ou par la force du fait accompli. Ce sont : d’abord la terre d’Alsace, admirablement dépeinte, incarnée dans le petit village d’Alsheim avec ses métairies, ses riches cultures, ses ruisseaux sonores, ses grandes forêts et ses hauts pâturages ; puis la famille Oberlé irrémédiablement troublée, sous la calme apparence des habitudes quotidiennes, par des oppositions sourdes et terribles — trois générations vivant sous le même toit : l’ancienne intraitable dans son attachement au passé, l’actuelle ralliée plutôt par l’appât du gain que par le prestige de la victoire, la nouvelle incertaine, isolée du passé et regardant