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la chronique

privilège qui est en usage depuis plus de trente ans ; car ceux qui ne faisaient qu’un an sous le régime de la loi de 1872 sont encore, pour la plupart, ceux qui bénéficient sous le régime de la loi de 1889 des envois en congé anticipés. En maintenant leur privilège, c’est-à-dire avec un contingent dont une portion ferait deux ans et l’autre un an, on n’atteindrait pas encore un effectif suffisant. Il y aurait bien ce moyen, préconisé par les partisans de l’ancienne armée : reconstituer par des engagements avec primes un noyau de soldats de métier au milieu de la masse des conscrits ; mais rien n’est plus contraire aux tendances démocratiques.

Le service égal, s’il est réalisable en France, ne l’est donc pas sans de sérieuses difficultés. Il en va de même de la communauté d’origine des officiers. Actuellement les uns sortent du rang et les autres de l’école de Saint-Cyr : inutile de dire que ces derniers se considèrent — et sont en réalité — le produit d’une sélection relativement aristocratique. Deux solutions sont applicables : supprimer toute école, ce qui donnera un corps d’officiers parfaitement ignorants dans un temps où les connaissances militaires deviennent