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la chronique

préféré s’en aller que de se soumettre. Ce n’est pas une des moindres maladresses commises que d’avoir fait aboutir les demandes d’autorisation à un corps politique élu, au sein duquel chaque nouvelle demande rallumera les passions et agira comme un brandon de discorde. La loi semble destinée à retarder indéfiniment l’apaisement et à accroître la fâcheuse tendance des députés à perdre en discussions oiseuses un temps qui serait mieux employé à faire les affaires du pays.

Dans le pays lui-même, il est assez difficile de prévoir l’effet produit. Les congrégations auraient pu s’entendre pour résister à la loi, s’enfermer dans leurs couvents et obliger le gouvernement à les expulser par la force. On imagine en quel état quatre mille expulsions (les 753 congrégations non autorisées possédaient exactement 4.292 établissements) eussent mis la France ; il suffit de se rappeler l’effet produit par les expulsions de 1880 et ce qu’il en coûta à la République, aux élections de 1881, pour s’être laissé entraîner dans cette voie brutale. Si les congrégations ont renoncé à un tel plan de campagne, il est probable que ce n’est pas par vertu chrétienne, mais par intérêt. L’opinion ne leur a pas paru cette fois assez favo-